dimanche 3 août 2008

Parle parle jase jase - musique (1)

Zut. Suis revenue trop tard d’une invitation à souper hier soir pour écrire (merci, Nicole et Alain, salut, Rolande, Sophie et Mathieu).

J’ai plein de choses à conter, mais aujourd’hui, je crois que je vais me concentrer sur des histoires de musique. Et comme j’écris aussi ce blogue pour les gens en attente d’un implant ou l’ayant récemment reçu, ou pour leur entourage, en quête d’informations au sujet des expériences des autres, parler de musique, ce sera faire d’une pierre deux coups.

J’ai parlé, il y a plusieurs semaines, de mes essais avec la musique. Il faut bien l’admettre, le processus pour la musique, il est long. J’ai du chemin à faire.

Jusqu’ici, j’ai :

• joué du piano
• joué du clavier
• écouté mon iPod
• écouté de la musique sur mon ordinateur
• écouté la radio dans l’auto
• écouté le système de son
• fait de la composition sur mon ordinateur

Piano

Après deux mois et demi environ, ce que j’observe surtout, c’est que, si je passe plus que quelques jours sans jouer, je « perds » ce que j’avais « gagné » : le son du piano redevient chargé de résonances aberrantes, de oiiiing-oiiiing-oiiiing. C’est ce que j’ai eu la très mauvaise surprise de découvrir au retour de notre voyage en Indiana, ayant été plus de deux semaines sans pratiquement toucher au piano (si l’on oublie dix minutes à faire l’essai d’un pas très bon piano à queue dans un magasin de musique). Alors qu’avant de partir, le son du piano avait tranquillement pris de la richesse et du moelleux (avec un « saut » de qualité appréciable quand j’ai décidé de jouer avec mon appareil auditif dans l’oreille droite en plus du processus au programme musique), il était redevenu plus maigre et métallique et oiiiing-oiiiing-oiiiing au retour. Il est vrai que le piano a maintenant sérieusement besoin d’être accordé mais je ne crois pas que cela ait beaucoup rapport avec la qualité du son produit.

J’observe une différence marquée dans les notes élevées. Auparavant, vu l’absence des hautes fréquences dans mon audition, je les entendais mais comme mates, sans couleur. À ce sujet, toute mon équipe d’audiologistes m’a assuré, avec surprise, qu’il était pratiquement impossible que je les entende, que je suis complètement sourde dans ce champ de fréquences, et que mes appareils auditifs étaient incapables d’amplifier. Je maintiens que je les entendais même s’il est vrai que je ne les distinguais plus très bien. C’était surtout dans ce registre que je n’entendais plus les fausses notes que je pouvais jouer, et que je me rendais compte d’une erreur par hasard, en regardant mes doigts (ce qu’on ne fait pas toujours en jouant) et en les voyant à la mauvaise place, par exemple un accord tout décalé d'une touche vers le bas.

Le son de ces notes hautes est maintenant ravissant, presque magique, un très joli carillon. Si vous connaissez un peu la musique de Chopin, que j’adore jouer, pensez à ces phrases en dentelle dans les notes hautes. Ça, c’est vraiment très plaisant à redécouvrir.

Dans un groupe, quelqu’un a demandé si les autres entendaient les notes basses. Pour ma part, j’ai relativement peu de difficulté avec les notes basses.

Pour des raisons indéfinissables, il y a quelques notes en particulier, juste sous le déplorable sol 5, qui produisent un son d’une beauté veloutée qui me fait venir un sourire aux lèvres quand le hasard de la pièce les fait ressortir dans une mélodie. J’en parlais, il y a quelque temps, à Élisabeth qui, après un court moment de surprise, a dit : « ça commence par une ! » Dieu (qui n’existe pas) l’entende !

Bon, assez PARLÉ de piano. Je vous quitte pour aller en JOUER.

vendredi 1 août 2008

Me revoilà, 7 semaines plus tard

« Is no news good news? » me demande mon amie Dominique…

« Es-tu malade, désemparée, découragée, euphorique ??? » me demande mon ami Jacques…

« Je m’ennuie, là » , proteste mon amie Suzanne. Et Dominique lui fait écho.

Malade, désemparée, découragée… non, certainement pas.

Euphorique, alors ? Non plus.

Juste…

Juste bien.

Je commence donc cette suite de mes aventures avec un petit aveu qui ne surprendra personne : je n’ai pas tout à fait l’esprit du blogue.

Quelqu’un qui blogue « pour vrai », comme Suzanne, s’y attache méthodiquement, un peu tous les jours. Moi, j’attends trop, et la tâche devient rebutante.

Bon.

Où en sommes-nous maintenant ?

Ma réadaptation a « officiellement » pris fin le mardi 29 juillet. Elle s’est prolongée à cause des vacances, qui ont entraîné une désynchronisation des horaires.

À mon retour de vacances, Mme H. m’a fait passer les derniers tests, qui ont été extrêmement encourageants. Dans le test de phrases, j’ai failli avoir 100 % : j’ai hésité entre « nous allons voyager » et « nous aimons voyager » et j’ai choisi la mauvaise réponse. Zut.

Je mentionne ici que j’ai recommencé à porter mon appareil auditif dans l’oreille droite, dans le but d’enrichir les sons, que je trouvais un peu trop métalliques et maigres. Ça va bien. J’avais entendu dire que certaines personnes avaient beaucoup de difficulté à s’habituer à conjuguer les deux expériences auditives. Ça n’a pas été mon cas.

Au début, j’avais l’impression que, tout en étant plus riche, le son était un peu moins clair, ce qui me semblait inévitable (si j'ajoute des basses fréquences, je diminue la proportion des hautes fréquences, spas ?) Mais je m’y suis très rapidement faite et les tests de l’évaluation finale ont montré que mon degré de compréhension du langage avec l’appareil est même légèrement supérieur.

Porter mon appareil auditif « contro » (c’est comme ça qu’ils appellent ça, « contro » = abréviation de « controlatéral ») améliore également le son du piano. Avec mon appareil « contro », le fameux sol 5 reprend à peu près sa place et je ne l’entends « faux » que très rarement. Yé !

Le fameux sol 5 :



En faisant un peu de recherche sur « contro », je suis tombée sur un article hallucinant, rédigé par un sourd qui adorait le Boléro de Ravel (je vous rappelle que le terme « sourd », en français, n’est pas un absolu et qu’on n’aurait pas vraiment besoin du laid mot « malentendant »). Si vous lisez l’anglais, je vous recommande vivement « My Bionic Quest for Boléro », de Mike Chorost.

http://www.wired.com/wired/archive/13.11/bolero.html

Dans mes prochains messages, je vais raconter ici, en vrac, des petits moments de ma vie « bionique » de ces dernières semaines. Demain, promis.