mercredi 31 décembre 2008

En fin d'année

Nous voilà au 31 décembre, en fin de soirée. Il me vient tout à coup à l’idée que faire le point ici serait une façon appropriée de finir l’année. Une année qui, pour moi, n’aura pas été l’année de la crise mais l’année de l’implant.

Quelques mots de la Californie. Je ne peux pas parler de la recherche elle-même mais je peux dire que Roger et moi avons été grandement impressionnés par les chercheurs rencontrés. Pas des deux de pique, je vous prie de le croire. J’ai eu quelques moments d’inquiétude parce que mes résultats aux tests chez eux étaient bien moins « bons » que mes résultats ici. Je me demandais si cela pouvait fausser leurs statistiques. Plus tard, je me suis rendu compte de mon erreur : leur intérêt, c’est la comparaison entre les divers tests que je passe, suivant leurs essais.

Le mardi et le mercredi midi, nous avons dîné avec des membres de diverses équipes : des gens de marketing un jour, des chefs de projet un autre jour. Ils nous ont posé beaucoup de questions et nous écoutaient avec beaucoup d’intérêt.

Le jeudi, Roger a passé la journée avec un copain photographe rencontré sur Internet. Comme Roger, Stephen est un scientifique (physique) de profession, qui s’adonne passionnément à la photographie. Je m’étais dit que j’irais dans les magasins et que je m’arrangerais pour me trouver une plage. C’est ce que j’ai fait mais en compagnie de la femme de Steve, Shirley. Oui, j’ai mis les pieds dans le Pacifique. Pas très chaud mais très beau.

Le vendredi, nous avions prévu une excursion. Ça n’a pas été la grande réussite. La région de Los Angeles est sillonnée d’autoroutes et les « beaux coins » ne sont pas faciles à trouver. Moi, j’ai beaucoup aimé la région, ce massif de montagnes au relief très heurté, ces collines, ces buttes mangées de soleil, à la végétation tellement desséchée, en octobre, qu’elle craque sous les pieds.

La surprise

Peu après mon retour a commencé une période de changement, qui se continue au moment où j’écris ces lignes.

Il s’agit d’un changement dans mon audition, que je trouve difficile à décrire. En gros, je crois que j’entends beaucoup plus de hautes fréquences, ce qui se traduit une augmentation des sifflements parasites. C’est plus manifeste quand j’écoute de la musique, c’est plus subtil dans la distorsion des sons familiers, comme par exemple la voix de Roger.

Au début, c’est-à-dire à mon retour de Californie, j’ai pensé que c’était une conséquence des tests, ou encore du fait d’avoir pris deux fois l’avion.

J’ai consulté l’audiologiste parce que, pendant près d’une semaine, l’effet se faisait même sentir sur ma discrimination et je comprenais beaucoup moins bien ce qu’on me disait.

Le temps que les audiologistes puissent me recevoir, une certaine adaptation s’était faite et les tests en cabine n’ont pas montré de détérioration de ma discrimination.

Mon audiologiste de programmation a quand même passé deux bonnes heures avec moi, pour raffiner les niveaux des électrodes. Il a fait quelques changements à la programmation et m’a conseillé de vivre avec le nouveau programme jusqu’au prochain rendez-vous, deux semaines plus tard.

Le lendemain, ma première impression était que nous avions empiré la situation plutôt que de l’améliorer. Avec le temps, je me suis adaptée au nouveau programme mais, la semaine dernière, l’audiologiste et moi avons pris la décision de revenir au programme original.

Entre-temps, j’avais fait certaines vérifications. Un audiogramme pour l’oreille droite et la vérification du fonctionnement et de la programmation de la prothèse pour m’assurer que le changement ne venait pas de là.

Dans le quotidien, certaines situations sont peu affectées par le changement. Je parle de nouveau aisément avec Roger, avec des amis. Au restaurant, dans les magasins, je suis revenue où j’en étais avant octobre. Au téléphone, ça va moins bien. Le pire, c’est la radio.

L’audiologiste m’a dit qu’il n’y avait là rien de particulièrement surprenant ou d’inquiétant et que la plupart des gens éprouvent ce genre de changement avec le temps. Aussi longtemps que ma compréhension du langage n’est pas significativement affectée, il hésite à faire des changements plus accentués sur la programmation. « J’ai deux tiroirs de dossiers-patients, m’a-t-il dit. Dans mes deux tiroirs, des 100 % aux tests de phrases, j’en ai peut-être 10. Je ne veux pas toucher à ça. »

Lors de cette rencontre, il avait avec lui une étudiante en audiologie, qui faisait un stage d’observation. Elle m’a dit qu’elle n’en revenait pas de m’entendre parler de musique. Leurs professeurs leur apprennent que l’audition de la musique n’est généralement pas améliorée par l’implant.

Conclusion

Après huit mois d’usage de l’implant, mon bilan est plus que positif. Je suis vraiment très heureuse des résultats. Je chiâle un peu à cause du changement des derniers mois mais je sais que je suis gâtée.

Comme j’écris aussi ce blogue pour des gens qui pourraient se poser des questions sur l’implant, voici quelques réflexions :

L’implant est une petite merveille technologique mais il ne fait pas disparaître la surdité d’un coup de baguette magique. On reste une personne sourde sauf qu’on est une personne sourde qui entend beaucoup mieux qu’avant.

Il faut de la patience. L’implant demande de l’adaptation. J’ai eu la chance d’avoir une adaptation très très rapide, ce n’est pas toujours le cas.

Et comme je l’ai moi-même appris, l’adaptation ne va pas juste dans une direction. Le cerveau et le système nerveux auditif ne progressent pas de façon linéaire.

Si j’avais à le refaire, est-ce que je le referais ? Oui, un zillion de fois oui.

Et bonne année !